La mousse décortiquée bulle à bulle

Publié le par Hard Worker

Mais quelles sont donc ces incessantes litanies qui viennent heurter mes pauvres oreilles ?

Pourquoi diable (ou Thatcher c’est au choix) ces élucubrations inarticulées sont elles accompagnées de cette familière odeur de bière éventée marinée dans du tabac froid ?
Entendez vous, fidèle lecteur (oui ben les 3 clampins de d’habitude quoi !), ce ressacs larmoyant ? Que peut-il donc bien vouloir ? Que pourraient donc désirer trois alcolos de la première heure ?
Mais la recette de la bière, bande de cons !! Evidemment !! Depuis plus d’un mois, ils sont là à consulter frénétiquement ce blog, le palpitant pas loin de l’implosion à la simple idée d’approcher ce merveilleux secret. Et comme ils ne le voient pas apparaitre sur leur petit écran d’ordinateur, vitrine de ce qui se fait de mieux que dans leur pauvre vie, ils finissent par le vociférer, l’appeler façon supplique d’un mec bourré…
Et la pitié m’étreint. Et le courage m’envahit pour de bon. Et je trahis le secret d’avec mon complice, Batave Créatif. Et vous livre, clef en main, la recette de la bière qui fait au moins 16° à défaut d’être goutue.
 

Martine.jpg
Je crois avoir déjà mis en garde la populace contre l’abus d’alcool. Je me permettrai pour le plaisir de vous envoyer ici pour vous en convaincre une ultime fois.

Si vous restez inébranlable devant l’atroce révélation concernant votre héroïne d’enfance (ou du mois celle de Marie-Antoinette), alors vous supporterez toutes les vérités du houblon.

Restez donc un peu là! Partagez avec nous l'abominable supercherie révélation qui va estomaquer vos yeux et énamourer vos estomacs.
Bon si vous restez on vous offre un coup à boire. Pas de la bière dégueulasse originale, non! Du pinard!! Rassurez-vous à nouveau!




Reprenons nos esprits ! Un peu de méthode ne nuit pas, aurait dit un grand chef d'Etat qui ne boit que de l'eau, lui! (et un peu de jus d'orange quand la matinée s'y prête). Nous allons procéder étape par étape.

Pour faire de la bière, voilà par où commencer.

1) Aller ici pour avoir un rapide aperçu de la galère que représente la fabrication du nectar nordiste. Comme je reste un gars sympathique, et malgré le peu de cas que je peux faire de votre prévisible manque de goût, je vous résume les premières étapes du brassage perso de la bière.
En gros, voici ci-dessous, dans l'encadré, la marche à suivre. je vous préviens c'est relativement super chiant... Voire pis encore, passque c'est même pas drôle. Et en plus on comprend rien. Et la police (ou milice) et la taille de l'écriture, elles sont pas pareils (que c'est la faute à ma légendaire technique du copié-collé qu'est peut-être pas totalement au point). Bref l'encadré c'est à chier mais il s'adresse avant tout aux puristes qui bavent devant l'authenticité du terroir biricole. Pour ceux qui s'intéressent davantage à l'authentique terroir de la gueule de bois, je vous propose de passer directement à l'étape n°5 (grâce à ce fameux tour de passe-passe que nos sociétés industrielles, qui fabriquent tout pour éviter aux citadins de se morfondre dans l'ennui et la non consommation, ont mis en place).

Etape 1 : concassage du grain
La première étape de concassage va vous permettre d'ouvrir l'enveloppe des grains d'orge afin que l'amidon puisse être libéré.
Il faudra faire attention à bien régler le moulin à grain, car si vous écrasez trop les grains vous aurez par la suite beaucoup de problèmes lors de la filtration. Par contre, si les grains ne sont pas assez écrasés, l'enveloppe ne sera pas correctement cassée et l'amidon ne pourra pas être libéré.

 

Etape 2 : le brassage
Cette première étape de cuisson va être composée de 3 différents paliers de température qu'il va falloir respecter pour obtenir une transformation maximale.Le premier palier de température est celui de 50°C. Faites chauffer les 8 litres d'eau pour atteindre cette température et verser y les grains concassés.Mélangez régulièrement pour assurer une bonne homogénéité de la température. Ce premier palier durera 30 minutes.Veuillez contrôler la température régulièrement.Une fois ce premier palier terminé, augmentez la température pour quelle soit comprise entre 65 et 68°C. Ce second palier durera entre 30 et 40 minutes.
Après 30 minutes de cuisson vous pouvez faire un premier test pour voir si la transformation de l'amidon est terminée.
Pour ce faire vous devez vous munir d'une assiette blanche sur laquelle vous allez déposer un peu de moût extrait de votre casserole. Vous allez ensuite ajouter quelques gouttes de teinture d'iode et observer la réaction. Si la teinture d'iode tourne au violet, cela signifie que le processus de transformation de l'amidon n'est pas terminé. Dans ce cas, continuez à faire chauffer le moût pendant 15 minutes et faites le test à nouveau jusqu'à ce que la teinture d'iode ne change plus de couleur.
Une fois que le résultat du test est positif vous devez augmenter la température jusqu'à 77°C et la maitenir pendant 10 minutes. Ensuite vous pouvez passer à l'étape suivante.

Etape 3 : Filtration et lavage des drêches

Le but de la filtration est séparer le liquide et les drêches, les drêches étant les enveloppes des grains de malt.

Dans un premier temps vous devez simplement verser votre moût dans un autre récipient en utilisant une passoire.

Dans mon cas, la passoire était trop petite j'ai donc du filtrer en deux fois.Après la première filtration, le moût est encore très trouble. Faites repasser le moût à travers les drêches deux ou trois fois pour obtenir un moût plus clair.Maintenant, il ne vous reste plus qu'à laver les drêches.Le lavage des drêches est effectué pour récupérer tout le sucre encore présent dans les enveloppes. Le lavage sera fait avec une eau à 80°C. Versez délicatement l'eau (les 12 litres d'eau restant de cette recette) sur les drêches pour effectuer ce lavage.

 

Une fois le lavage terminé, la quantité totale d'eau est de 20 litres


Etape 4 : Cuisson et houblonnage

Mettez réchauffer votre casserole contenant vos 20 litres de moût jusqu'à ébullition.

Ajoutez ensuite la première quantité de houblon
Faites bouillir pendant 45 minutes.
Ensuite, ajoutez la seconde quantité de houblon et laissez bouillir encore 10 minutes.
Vous pouvez ensuite laisser refroidir et ajouter le sucre lorsque l'ébullition est terminée.
Avant de passer à l'étape suivante, il vous reste encore à retirer le houblon

 


Etape 5 : la fermentation

Là y a une astuce... Barrez vous de cet encadré chiant comme la mort, et bienvenu dans le monde de la bière normée, fade, frelatée et limite frauduleuse.

 


Alors reprenons entre gens de bonnes compagnies, vous mes frères, mes semblables (violons!), les dillétantes, faignants et autres mecs qui font pas les choses à fond, ni jusqu'au bout, les mecs qui à l'instar du grand Loic pourraient chantonner le début de ce couplet (la fin ils l'auraient troquée contre une bière) :

"Puisqu'on s'en fout d'être pas beau
Puisqu'on a des croûtes aux genous
Puisqu'en haut c'est un peut trop haut
Puisqu'on veut bien s'trier les poux"

Bref pour vous, il y a la possibilité d'acheter directement toute la préparation fastidieusement énumérée ci-dessus. Pour la modique somme de 100 balles, vous pouvez acheter une grande boite de conserve qui contient le "sirop de bière" qu'on obtient à la fin de l'étape 4. Bon je dis ça, hein, c'est pour les branleurs éméchés et pas méchants. Que les esthètes se cassent les couilles à concasser 2 kg d'orge si ça les tente...

Et après c'est super con. La preuve en image, photo et autres subterfuges modernes pour appuyer mes écrits :

Création hautement artistique de la bière d’abbaye viking*

 

* Nom à déterminer prochainement en s’inspirant des envolées créatrices de Batave Créatif (le bien nommé).


Première étape : les joyeux brasseurs vikings découvrent ébahis le bonheur de créer leur propre bière.


DSC01322.JPG1/ Enlever le sachet de levure et l’étiquette afin de plonger la boîte durant 10 mn dans de l’eau chaude.

Comme vous le constatez avec soulagement, cette fameuse boite de conserve pleine de future bière existe.

2/ Versez ensuite le contenu dans un récipient approprié, bien nettoyé, genre seau en plastique blanc (pq blanc se demandait le jeune ingénu ? Ta gueule répondit le belge bourru).

3/ Rincez la boîte avec 1L d’eau chaude à ajouter également. (dans le seau en plastique blanc, tiens-je à préciser).

DSC01334.JPG4/ Ajouter 2L d’eau chaude dans laquelle les (500 g + 5% de 500g si sucre de canne non raffiné) 525 g de sucre de canne bio non raffiné (c'est le côté ethnico-hype de la fabrication de la bière. Dois-je préciser que le dit sucre se doit d'être, en plus, issu du commerce équitable comme le prouve cette si jolie photographie de l'acte... et si possible distribué sur une clef USB) seront dissous.


DSC01332.JPG5/ Ajoutez le restant de l’eau froide (5L) ! Mélangez et laissez refroidir le tout jusqu’à 20°c.
Là je précise que pour des raisons tenant à la fois à l'hygiène la plus notable (nous vivons quand même dans l'ouest de la France) et à la préciosité de nos palais, nous avons décidé de faire bouillir les 5 litres d'eau froide avant de l'incorporez aux 3 précédents litres sirupeux. Je précise également qu'il nous a fallu attendre que les 5L refroidissent pour les mélanger aux autres car c'était bien stipulé le "restant d'eau FROIDE". Je précise enfin que nous avons eu la suprème intelligence de réaliser cette opération vers 19h30. Je conclus par cette formule mathématique : soit une eau à 97°c, soit deux couillons la désirant ardemment aux alentours de 30°c pour la mêler à l'autre récipiend. Soit 2
couillons patientant une bonne quinzaine d'heure pourDSC01337.JPG atteindre la température adéquate... Il était donc midi quand nous reprimes le cours de nos pérégrinations alcoolisées.
Précision pour la prochaine fois : au poteau hygiène et palais!

6/ Dissolvez la levure dans 150ml d’eau à 25°c et laissez la se réactiver durant 15 mn.
Vous noterez qu'après 15 heures dans une cuisine puant de la bière même pas bue, ces quinze malheureuses minutes provoquent en vous un effroyable fou-rire qui vous conduira à plonger votre tête dans le seau (pas trop blanc a priori) afin d'en finir avec cette insupportable attente.

7/ Ajouter cette culture au moult en mélangeant bien.

8/ Couvrez le récipient d’un linge fin.

9/ Laissez fermenter durant 10 jours environ dans un endroit bien chaud (25°c).
Vous suppliez votre camarade brasseur de toujours de vous laisser le droit de partir. Passque 10 putain de jours à sentir ce magma mousseux gonfler et fermenter (bref puer) dans une cuisine imbibée avec un acolyte qui ne l'est pas moins et qui hurle l'évolution des degrés des 5L d'eau (qui en fait n'ont jamais fini de refroidir!!!) toutes les 20 mn, vous l'imaginez moyen...

 


Deuxième étape : les joyeux brasseurs vikings s’adonnent avec joie à la mise en boutanche de leur exquis breuvage pour Homme du Nord.

DSC01350.JPGVous avez réussi à fuir et c'est en vous tendant un ignoble piège que votre ex-camarade, mais toujours partenaires brassico-artistique, arrive à vous propulser devant des bouteilles de bières pleines. Pas les votres, pas celles que vous espérez boire un jour, non! Des Fischer, des putains de Fischer, pour avoir de quoi transvaser votre liquide fermenté dans de jolies boutanches adaptées (pour pas qu'elles te pètent à la gueule lors de la 2è fermentation...). Et que vous faut-il faire avec cette bière d'une rare intensité? Les boire! Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, vous vous atelez à la tache. Et plutôt sobrement. Quatre ans plus tard, les 14 boutanches sont éclusées. Voilà 9L prêt à être enfournées... Tintintin. mais avant faut laver et stériliser les titites... Vous voilà ravi. mais ça donne une très jolie photo (encore une autre me direz-vous... Hé oui!!!).

10/ La fermentation est finie quand il ne se forme plus de bulle de gaz.
Très facile à voir... 

11/ Soutirez la bière sans remuer le sédiment dans un autre récipient.
Vous ne comprenez pas tout à fait cette phrase... Pas grave. Balancez le seau de bière dans un autre seau (blanc pour une fois, s'il vous plait).

12/ Dissolvez 94g (90g + 5%de 90) de sucre de canne bio non raffiné (etc, etc).DSC01355.JPG

13/ Et enfin soutirez (terme technique pour se la raconter) la bière édulcorée dans des bouteilles à bière de grande résistance. Fermez les bouteilles et placez-les dans un endroit chaud durant 5 à 7 jours. La seconde fermentation sur bouteille dure environ 1 semaine.
Il est à noter que nous avons très peu galéré pour transvaser 9L de bière d'un seau dans des bouteilles de 0.65L. Nous avons choisi de procéder par étape, du seau vers un verre doseur qui, par son bec nous permettait de gagner en précision, allait ensuite aider à combler la béance des bouteilles...
Elémentaire non ?

Troisième étape : plus c’est long plus c’est bon

14/ Laissez clarifier et mûrir la bière durant 6 à 8 semaines dans un endroit frais (10°c).DSC01362.JPG


Joie et Paster Noster dans la cuisine. Que de bières à notre portée...

Petit bilan de cette magnifique aventure humaine :
- 30€ (oui passqu'il y a l'envoi de Belgique...)
- 3 mois de travail (dont 2 mois et 29 jours d'attente anxieuse dans la cuisine)
- Une amitiée à jamais broyée
- Une gastro de tous les diables pour les plus résistants
- Une courrone mortuaire pour les obsèques de mon ancien complice brasseur

Mais la joie d'avoir fabriqué quelque chose de mes mains, d'avoir retrouver une utilité alliée à la sauvegarde de mon terroir. Bref je suis redevenu citoyen grâce à la bière "Banquet d'Odin".
Vous qui êtes désafilié (oui alors Robert C. si tu me lis sache que je n'ai pas participé aux débats démocratiques du PS et du MODEM à Grenoble sous le haut patronage de Libé), vous qui barbotez dans la certitude de votre échec, vous qui n'avez même plus l'espoir de gagner à Euromillions, venez créer votre première bière citoyenne....
Grâce à la Banquet d'Odin je redeviens citoyen!!!!!





Publié dans Cuisine

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