La mort de Magret de chez Simenon

Publié le par Hard Worker

Camarades bocusiens, camarades brillat-savarinois, camarades Lignaciens,

Aujourd'hui, spécialement pour vous, la démystification d'un acte culinaire de haute volée, le rétablissement d'une vérité pourtant atroce, le festoiemment du départ d'Alain le Vert et une cérémonie, une ode, que dis-je une ode, un hommage à cette gazouillante campagne radical-soacialiste du Sud Ouest.
Bref aujourd'hui, la recette du Duck-Burger, qui vient de et à qui je reprends les conseils chatoyants auxquels j'ajoute quelques précisions (en bleues) pour les ignares comme vous qui ne pipent mot au doux babil culinaire.

Voici donc la recette de ce hamburger basco-gascon, qui empile fièrement  un magret haché à l’armagnac, un pain gratiné au fromage d’Ossau-Iraty, un poivron confit et, en guise de ketchûûûpe,  un chutney de cerises picotant. Sans oublier quelques chips de poireau pour faire swinguer le tout.

Alors là normalement, l'intitulée de la recette fait frémir le populo, émoustille vos papilles et vous promet une nuit heureuse emplie de songes palmidés. Le matin vous vous levez gaillard, ne pouvant vous empêchez de malaxer votre nez tout en baragouinant des trucs bizarres sur les rocs, les caps, les pics, voire les péninsules. Puis vous plongeant dans votre vaste bibliothèque vous en sortez triomphalement (devant votre conpagne éblouie de cette insistante mémoire) l'ouvrage de vos peines en cours préparatoire, celui qui fut maintes et maintes fois massacrés par tous ce que le monde compte de comédiens, bref vous voilà en tête à tête avec Cyrano de Bergerac. Que vous n'avez jamais lu (vous rappelez-vous à la dérobée...). 
N'écoutant que votre démesure, vous laissez le petit-déjeuner aux gens de chairs, moquant bien haut ceux qui délaissent les nourritures de l'esprit pour de vulgaires jus matinaux. 
3 pages plus tard, vous revient en tête les corrections paternelles pour n'avoir pas saisi le sens marxiste de la tirade du nez. 6 pages après, l'accent nasalo-bancale de Cyril Lignac s'immisce quand Cyrano envoie pêter de Guiche. A la fin de la dixième page, vous êtes sur les rotules, commandant sur la fnac le DVD avec notre Gégé, préparant un feu dans l'évier de la cuisine afin d'y perdre cet ouvrage qui vous a déjà coûté 20 bonnes minutes de votre petit déjeuner... Vous jurez de ne plus jamais lire de Béarnais, en profitez pour moquer le Modem de Franfran (c'est gratuit mais ça amuse) et vous vous attablez pour engloutir ce que la providence a mis devant vous. 
Mais la culpabilité ronge vos os et putréfie vos chairs. Diantre vous avez brûlé un si bel ouvrage (et ruiné définitivement le plafond de la cuisine) et vous vous en sortiriez comme cela. Il vous faire pénitence, hommage, offrande et libation. Bref il vous faut réaliser la parfaite synthèse de votre âme et de Cyrano. Et vous revient tranquillou la recette de la veille. Le fameux Duck-Burger!!! Vous compulsez alors frénétiquement le blog où vous l'aviez découvert. Vous lisez et relisez la recette! Et un rien suffisant, vous déclamez que celui qui vous empêchera de produire cet acte de réconciliation culinaire n'est pas encore né (ou alors bien caché!).

La recette qui suit a été mitonnée avec un magret de 441, 30 grammes, poids un rien bâtard, vu qu'il donne deux énormes duck-burgers de la mort. Ou trois duck-burgers un peu riquiqui. Ou deux duck-burgers solides et un duck-burger tout petit, pouvant nourrir un enfant ou la Tante Hortense, qui a un appétit de piaf. Vous voyez, quoi. (vous rigolez à part, imaginant que certains s'imaginent qu'on ne peut faire que 440 grammes de magret pour 2, pire même 3. N'étant pas du genre petite donzelle apeurée, vous vous ruez chez votre canardier pour lui demander 600 bon grammes de magret. Vous ressortez aussi sec avec 325 grammes et deux huissiers sur le dos. Une promesse de vente de la maison et la mise en esclavage de votre frère! Mais ça y est le bonheur est palpable et odorant. 325g de magret (dont 242g de gras environs paraît que c'est normal).

- Pour les chips de poireau (qui sont bath mais facultatifs, donc indispensables pour qui escompte frimer les deux prochaines années avec son plat), faites sécher deux heures (moins indispensables tout de suite... la patience est une vertu bien rare de nos jours) à 90 degrés (four à gaz Proline tu oublies, deux niveaux seulement : le premiers tu crames, le deuxième tu brûles super fort fais gaffe quand même) un jeune poireau détaillé en biseaux, avec un peu d’huile d’olive, sel et poivre. Moralité, j'ai opté pour la technique, on verra comment compenser la chips de poireau...

- Pour le chutney. Dénoyautez dix cerises noires et dix cerises rouges (petit rappel : niveau gaz à effet de serres, climat, palmiers en Normandie, on a vu mieux comme chutney. En même temps est-ce que Cyrano allait s'emmerder avec du GES? Bon ben voilà! Merde!!) . Et hop, à la casserole, avec deux cuillères à café de vinaigre de cidre, une larme d’eau (petit conseil avisé. Certains pensent qu'une larme se compterait sur les doigts d'une main, que la quantité serait négligeable! Attention tout de même aux possesseurs de la gazinière Proline. ce qui est vrai pour le four est vrai pour les brûleurs. Aussi jeDSC01288.JPG recommanderai l'utilisation d'une larme équivalant à un verre) , deux tours de moulin à poivre, une cuillère de miel, une pincée de sucre, une autre de piment d’Espelette (premier hic dans cette magnifique recette! L'Espelette, vous savez pas ce que c'est. Et même si vous savez vous n'en avez pas! Donc vous farfouillez (voilà un joli verbe) dans votre tiroir/étagère/caverne à épice et en sortez brillament du piment de Cayenne qui t'arrache même ta belle-mère un dimanche midi. Ducoup, d'un geste leste et désinvolte vous frémissez votre poignet au dessus de la casserole et laissez se répandre quelques moulures de cette saloperie qui dégage. Bien mal vous en a pris!!! Méditez cela, jetez toutes traces de piment extra-fort qui pourrait se trouver chez vous et continuez la recette) et l’équivalent d’une cuillère à café de gingembre frais haché. Capital, le gingembre (c'est vrai et cela permet de frimer par la suite. L'utilisation d'un truc comme ça permet de se la raconter aventurier du Monoprix). Laissez glouglouter pépère, une heure au moins (Bruleûrs Proline : diviser le temps de cuisson par 1.67 si injecteur de 0.34 mm), jusqu’à obtention d’une confiture explosive avec de vrais fruits dedans.

- Pour le poivron. Pelez, épépinez et taillez en grandes tranches un poivron (jaune, pourquoi pas), laissez fondre à la poêle dans un peu d’huile d’olive, jusqu’à abandon des chairs. Assaisonnez. Et pimentez à l’Espelette mollo. MOLLO!!! Bordel! MOLLO! Moi de toute manière, j'ai assassiné mon vendeurDSC01296.JPG de cancer de la gorge+estomac+oeusophage (ou d'épices si vous préférez). Ensuite comme je suis radasse et malin, j'ai décidé de ne point gacher le poireau acheté à prix d'or mais de le mêler au poivron jaune. Comme ça vert et jaune, manquait plus que le rouge pour être un vrai rastaman, ce qui m'apparaissait nécessaire pour un plat typiquement gascon...

- Pour le magret. Virez et réservez le gras (Vous noterez en ce cas que le magret semble fondre commeDSC01289.JPG neige au soleil. C'est déprimant. La Reine voyant sa portion de viande de canard s'enfuir à toutes palmes a décidé d'ouvrir une ferme de canard. Nous partons demain pour la Dordogne!).
Hachez la viande avec un grand couteau atchement affûté.
Rajoutez au hachis environ un quart du gras émincé menu menu. A ce moment précis, vous avez le choix. Soit vous estimez qu'il est temps de redevenir le bretteur que vous n'avez jamais cessé d'être. Alors sorterz votre sabre, magnifiez votre port par un visage sobre et fermé, pis en poussant des cris grave aiguës (pas mal hein) dans un clair obscur rappelant le développement durable, éclatez la gueule du magret au point de pouvoir par la suite le reconstituer facilement en accolant les morceaux encore tremblant de votre dextérité morbide.DSC01294.JPG Ou alors si vous êtes pleutre comme il se doit dans nos cas, mettez un mouchoir sur vos prétentions écologistes, sortez le mixeur nucléaire, balancez la viande coupée en gros dés, le sel, le poivre, un peu de gras quand même, du cognac (QUOI!!!! pas de l'armagnac???? Et non, y a pas de topette d'armagnac dans notre pays pourri, donc vous prenez du Cognac de basse extraction) et vous mixez joyeusement. Dans une jatte, touillez la viande avec du sel, du poivre et une joyeuse giclée d’armagnac. Formez des galets entre vos petites menottes habiles. Comme vous avez évidemment beaucoup trop mixé, vous mettez des plombes à en sortir quelque chose de convenable, mais vos cris de rage ayant ameuté toutes les dentelières du quartier, elles vous aident de leurs "menottes habiles" et forment ces merveilles de rondins/galets...

Acte final. Vous avez trouvé du chouette pain de boulanger, tendre et avenant? Coooooool. Arrêtons de mentir aux gens, ici! Siouplaît!! Il n'y a pas de pain rond suffisament grand pour y caser un steack et claquer son hamburger. Cela n'existe pas. En tous cas pas à 18h00 dans les 14 boulangeries de ma ville! Je regrette! Tant que l'on mentira aux gens, ça ne marchera pas! Les Français ont besoin de vérité.
DSC01297.JPG Arrêtons la Langue de Bois. Donc après 6 heures de recherches exténuantes, j'ai trouvé aux alentours de minuit dans une ruelle abandonnée, certes un fou prétendant qu'il venait de la Lune, mais surtout les restes rassis de petits pains tout pourraves mais qui ont dû faire l'affaire. Effondré, je suis revenu à mes pénates, penaud de réveiller la reine avec mon mixeur à minuit trente-deux, mais ravi à l'idée de lui servir un Duck-Burger à cette heure étrange. Tranchez en deux. Virez un max de mie. Passez l’extérieur sous le gril (gazinière Proline : tu peux toujours t'asseoir sur le grill!), tournez le pain et coiffez avec du fromage de brebis des Pyrénées. Un vrai, un fermier, pas un bout de mastic industriel dont le nom commence par Etor et finit par Ki. (Je suis obligé d'abonder en ce sens. Certes cela vous coûte un poil plus cher (en gros deux week end pour 9 sur l'île de Jersey) mais cela a de la gueule....
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Puis gratinez.
Faites fondre un petit bout de la graisse du magret dans une poêle, pour y cuire les steaks six minutes à feu vif.
Tartinez le pain gratiné de chutney, posez le poivron, puis le canard, ajoutez quelques chips de poireau, et couvrez.
  Goutez le chutney avant. Partez aux urgences ensuite vous faire implanter un appareil respiratoire pour la suite de votre vie. Jurez-vous de fumer. Regrettez amèrement d'avoir assassiné cet enculé de vendeur d'épice, vous le referiez bien! Bon pas 36 solutions quand c'est vraiment trop fort. Soit vous êtes une fiotte. mais vu la testostérone que vous dégagez, cela doit être le chutney qui est trop costaud. Donc vous tartinez les pains, mais MOLLO!!!! Ensuite vous continuez l'assemblage.

Et vous obtenez cette merveille. Oui alors je sais ça donne pas du tout envie comme ça, mais je suis pas photographe et je vous emmerde.

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Bref vous recouvrez le tout et apportez en gazouillant qu'on va s'en mettre une bonne.

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Ce sandwich de Navarre s’arrose de Madiran, bien sûr, vin pyrénéen à la rusticité ravigotante issu du cépage tannat. Au préalable, on aura donc demandé à la caviste, qui s’appelle Nathalie, la bouteille idoine: «Du tannat… t’as Nath?» Hum… hilarant, non? Sur ce dernier trait d'esprit, vous tirez votre révérence, persuadé d'avoir accompli un miracle culinaire. car malgré tous les échecs de ces dernières heures et bé c'est quand même achement bon! Et pis c'est pas vous qui le dites (vu que vous vous avez squatté la boutanche de vin de pays de Provence (rouge!)) , c'est la Reine, qui n'a aucune raison d'être polie puisqu'il est 1h23  du matin et qu'elle a décidé de vous quitter dès son futur réveil...

Adiù


 

Publié dans Cuisine

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H
Je comprends bien ton désaroi, mais quel idée aussi d'aller te fourrer le nez dans le foie, le canard, les magrets alors que ta vie gastonomino-footballeuse te conduisait à rester entouré d'andouillette et de l'ami Sladjan... (dont le surnom qui aurait pu être de "grosse andouillette toute molle" prit plus rapidement celui de "arrête de frapper à 60 mètres").<br /> Merde alors!! Je m'insurge contre cet accaparement du noble canard gavé jusqu'à nécroser. Chacun ses tortures, c'est vrai! Mais le canard, on a tous droit un peu!!<br /> D'ailleurs je te souhaite vivement dans ma demeure afin qu'on se lance (sous tes conseils de chef étoilé) dans la décoction de la carbonnade flammande qui remettra très vite les points sur les "i" quant à la grasse suprématie de la nation reine de la petite sus-nommée...
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S
j'eusse pu trouver ça sympathique, oui mais: quand on a passé sa dure, laborieuse, ereintante, deprimante, lobotomisante, ingrate( oui c'est ingat, tous ces vieux qui remercient les serveurs, alors que finalement, s'ils ont mangés correctement c'est quand meme grace a ma gueule! ah les rascals) semaine a déveiner des foies gras et a découenner(c'est pas le terme, on s'entend) des magrets, et bien tout ce qui ressemble de près ou de loin à du gascon, aquitain, sud-ouestif ne peut en aucun cas provoquer la moindre turgescence! désolé poto, t'as plus qu'a recommencer! godferdom!
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H
Je suis obligé de rendre hommage à la fois à votre bon goût, chers amis, et au talent culino-créativo-helvète (et ça me coûte quelque part de partager la gloire de ce merveilleux entremet) qui me permit de briller dans la nuit gastronomique normande...<br /> Normandie qui vient de vivre un seisme politique avec l'arrivée de 3 députés pas de droite... Faut absolument que je leur envoie ce Duck-Burger du coup...
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L
"tant qu'il y aura ce genre de plat à la maison, la reine ne partira pas" maxime gasconne...
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T
Héhé, tu concurences Libération avec tes titres? Sinon, je pense essayer le Duck Burger, version super-size pour moi (au bbq, cela devrait le faire mieux qu'avec Proline). En tous les cas, cela semble etre un vrai winner. Bises.
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